Alchimie et Tarots : les arcanes 8 à 14

VIII LA  JUSTICE : ( 2 fois 4)

L’attitude du personnage est très rond comme un récipient, le rouge est contenu par le bleu.
Une épée en main droite, une balance en main gauche, l’épée c’est l’action la décision, la balance la recherche d’un équilibre, autant sur un plan physique, que sur un plan psychique, d’une part, par rapport aux matériaux dont il faudra respecter les proportions (à noter que les plateaux sont inégaux, induisant la disproportion des rapports poids et volumes), et d’autre part, ne pas y perdre la raison.
L’ensemble de la lame est entourée de Jaune, l’or des philosophe est clairement le but de l’opération finale (du moins en tant que test de vérification expérimentale). Le jaune déborde même la couronne qui ceint un couvre chef bien étrange…allusion à un matériel alchimique particulier ?
Le dossier du siège est le plus structuré de tous ceux que nous avons vu jusqu’à présent, encouragement dans la progression des travaux entrepris.
L’adossement (ou les bases sur lesquelles l’officient travail) doit donc être parfait.

IX L’HERMITE : (Pape et Empereur)

C’est l’isolement de la matière, orthographiquement, une induction d’hermétisme est suggéré dans cette lame, et ce n’est pas un hasard si « Hermite » a été écrit avec un H, la partie gauche est plus sombre (ombrée), un double mouvement apparaît :
D’une part le personnage, muni d’une lanterne (car il a besoin de lumière) s’oriente vers le passé, l’origine, ce peut être également une forme d’introspection, il a besoin d’un support le bâton, ce dernier symbolise le pouvoir naturel, un peu comme la baguette du sourcier, contrairement, par exemple à celui d’une épée.
D’autre part un bonnet rouge indique un sens opposé (le futur) et se termine par un pompon de couleur or, une fois de plus, la quête est clairement exprimée.
Au tiers de la lame et au centre, un signe curieux faisant penser à une lettre hébraïque inversée, marquant la frontière du bleu et du rouge.
Il semble que la lettre représentée puisse être vav de valeur 6, et ayant pour signification : transformable, nœud qui unit ou point qui sépare le néant et le créé. N’oublions pas que l’or est intérieur.
L’injonction qui correspondait à cette 3ème étape : Séparez l’esprit du corps.

La quatrième arcane correspond à : CONJOIGNEZ-LES. « Pulvérisez mais ne vitrifiez point. Cela se fait sans toucher au vase et par les degrés du feu externe. »

X LA ° ROUE ° DE ° FORTUNE :

(10 marqué par un X, ce qui correspond à la technique de traçage du point en géométrie, exemple : le centre d’un cercle.)

Une fois encore, nous voici avec une roue bien curieuse, mais les représentations imagées du TAROT DE MARSEILLE nous y ont maintenant habitués. En effet comment une telle roue peut-elle fonctionner ? L’axe central ne repose que sur un des montant du chevalet, un de ces montant n’est d’ailleurs que partiellement présent. Le chevalet repose sur un terrain étrange parcouru de lignes de force matérialisées par des tracés ondulants. La poignée de la manivelle n’est pas à angle droit, ce qui serait, quand même plus pratique, si l’on voulait s’en servir.
3 formes animales, difficilement identifiables ornent cette roue, un animal est dans une position ascendante, l’autre à l’opposé de ce dernier, quant au 3ème, il trône au sommet de la roue, position bien peu confortable, dès que l’on envisage de la faire tourner, ce qui n’est pas sans rappeler la citation latine : « Sic transit gloria mundi ».
Voici une bien curieuse représentation marquée des nombres 2-3-6, et où la verticale, la perpendiculaire et l’horizontale sont sérieusement mis en valeur, avec toute l’ambiguïté d’un fonctionnement non mécanique traditionnel…..
Cette lame est pratiquement à la mi-chemin, au centre, de la démarche alchimique, nous sommes donc devant une étape d’importance où tout peut basculer, elle nous suggère le mouvement, le temps les énergies et souligne la difficulté de rester en équilibre, de maîtriser l’action de l’œuvre entreprise.
Les couleurs utilisées, pour habiller ces personnages anthropomorphiques, n’est pas anodine, je vous laisse maintenant extrapoler leur signification. Le fait qu’ils puissent faire penser à des singes n’est pas gratuit, l’alchimiste ne cherche t-il pas à percer le secret de la création en singeant le Créateur lui-même ? S’il ne se borne qu’à cela, l’échec est assuré.

XI LA FORCE

( à valeur de 2 mais à une octave supérieure)

Cette lame inspire et requière la maîtrise absolue, elle n’est pas sans prévenir d’un danger, il n’est pas donné à tout le monde de tenir ouverte la gueule d’un lion, le roi des animaux qui ramène à la notion de couronnement c’est à dire de succès, dans l’entreprise. Il est bien évidemment de couleur jaune.
Non seulement cette lame possède les qualités et le potentiel de la papesse, mais en plus, elle en a la totale maîtrise.
Il est à noter une chose curieuse, comme si la tête du personnage avait été rapportée.
Le fait de ne pas assumer cette maîtrise pourrait-il faire perdre la tête au chercheur ?
D’autant qu’au-dessus de cette dernière nous trouvons le symbole de l’infini, encore une bien étrange coiffure, qui ne paraît pas réellement posée sur la tête de la dame, mais semble plutôt planer à la hauteur du front.
La main droite se distingue de la gauche par une manche de poignet plus importante. (Toujours la main opérative)
On remarquera que les chakras 2-3 et 4 sont connectés et reliés entre eux.
Il n’y a aucun décors, le fond est blanc, seul un curieux pied semble ne reposer sur rien, un rappel à l’état de pureté est donc ici rappelé.
Cette lame est une invitation à la maîtrise de l’impalpable, du subtil par d’une part, le symbole de l’infini, en haut et les pieds qui ne touchent aucun sol, en bas.

XII LE ° PENDU :

( Soit le nombre 3 qui rappel l’impératrice, cette lame est statique, le personnage est suspendu, elle est aussi l’addition qualitative du X la roue et du II la papesse)

Le Tarot n’en finissant pas de nous surprendre, voici un pendu….par les pieds, si vous retournez cette lame, vous avez plutôt l’impression d’avoir à faire à un danseur figé….
Chose encore plus curieuse, les arbres paraissent eux aussi inversés.
Cette lame donne l’impression d’un enfermement, par le cadre ainsi défini.
La corde qui est sensée tenir le corps n’est en fait reliée à rien.
Encore une jambe à l’équerre, et des mains non visibles comme attachées dans le dos, en fait ce pendu est en position d’attente et paraît, assez décontracté, malgré une position plutôt inconfortable. Se pourrait-il que, durant cette phase du magistère, seule l’attente et la patience prévalent ?
Au niveau des nombres, 6 branches coupées à droites comme 6 autres à Gauche.
6 boutons sur le buste, 3 sur la partie basse du vêtement, total 9, nous sommes à la fin d’une étape importante.
Deux poches en forme de croissant de lune. Attente d’un cycle lunaire ? Soit 28 jours.
Cette lame illustre également cette vieille assertion « Tout ce qui est en bas est comme tout ce qui est en haut ».
Dans la tête des arbres, discrètement le nombre 4 est signifié de part et d’autre, cette 4ème phase appelait l’injonction : CONJOIGNEZ LES

La cinquième arcane ouvre sur : CUISEZ. « Le soufre Solaire a bien teinture rouge, cependant il ne teint point. L’or vif doit donc être mué en Elixir pour acquérir la vertu transmutative. »

XIII L’arcane sans nom :

(le nombre 4 la matière)

Tout d’abord, cette lame qui symbolise la mort ne porte pas de nom, l’intention est donc de suggérer que ce n’est qu’une apparence, pour correspondre à : mourir pour mieux renaître, encore une invitation au lâcher prise.
C’est la première fois que le noir est utilisé aussi abondamment dans une lame, l’alchimie nous parle de l’œuvre au noir et de putréfaction. Cette terre noire contient un élément mâle et un élément femelle, chaque coin inférieur de la lame l’indique sans équivoque.
La lame de la faux est rouge et fait penser à une grande flamme dynamique.
Le mouvement est orienté à gauche, preuve de continuité, c’est une maturation qui se poursuit dans le temps.
Le personnage représentant la mort se veut être un squelette, cependant, sa facture est étrange, il paraît être habillé tout en laissant percevoir la structure osseuse, elle-même originale, la colonne vertébrale rappelle plus des feuilles de lauriers qu’un empilement de vertèbres, le bassin est plus proche d’un drapé que de sa véritable structure, la tête elle-même est composée d’une sorte de croissant de lune, 4 dents apparaissent nettement marquées, la lune n’a-t ‘elle pas 4 phases ? Le nombre 4 est souligné , à plusieurs reprises dans cette lame.
Les pièces détachées (main, pieds, os) qui jonchent le sol, évoquent le morcellement : désunir pour mieux réunir.

XIV TEMPÉRANCE :

(le nombre 5 est celui du mouvement de l’action, c’est le nombre de l’homme)

Le personnage est angélique, il transvase des fluides d’un pot à l’autre, le mouvement se fait en hauteur, il appartient au subtil. C’est également ainsi que l’on pourrait représenter une action de purification, d’affinage, voire de distillation.
Le personnage est habillé de bleu et de rouge, dans un axe vertical, la partie spirituelle domine.
La lame indique une manipulation à pratiquer, faut-il une patience d’ange pour y parvenir ?
Au sommet de la tête une fleure rouge calquée structurellement sur le pentalpha : l’objet de la recherche.
Les chakras 4 et 5 sont associés, cœur et prières, d’où recueillement et invocations qu’il faudra obligatoirement respecter et appliquer.
La ceinture est d’or, elle est composée de 9 lames indépendantes, la 10ème et la 11ème sont unies à la ceinture.
Cette lame a sa résonance avec l’étoile, dans les attitudes et objets, mais les différences marquent une autre technique de manipulation.