Alchimie et Tarots : Les arcanes 1 à 7

I LE ° BATELEUR : ( l’unique, le départ, la décision, l’engagement)

Première lame du Tarot, l’aspirant alchimiste se prépare à l’accomplissement de l’œuvre ; sur une table rectangulaire, dont seuls, 3 pieds sont visibles, des objets et un récipient avec couvercle qui contient ?, 2 dés, dont le total des faces visibles est 6, d’autres éléments apparemment nécessaires, mais difficilement identifiables.

L’attitude du personnage est curieuse dans sa main droite, l’équivalent d’une pièce d’or, située à la hauteur du 2ème chakra, le monde de l’affect, et dans la main gauche (celle qui reçoit) un tube orienté obliquement vers cette pièce d’or. Que capte l’autre extrémité ? Les énergies cosmiques, et probablement plus précisément celles de la lune et du soleil (les plus évidentes dans l’environnement immédiat).
L’objet de sa recherche est donc clairement indiquée.
Cette table dont on ne voit pas l’extrémité symbolise sans aucun doute possible : le travail entrepris, suggère aussi qu’il sera de longue haleine, et peut-être, n’en verra-t-il pas la fin, donc sans assurance de succès, le 4ème pied manquant renforce cette hypothèse, ainsi que l’horizon absent sur la droite de la lame (l’avenir). (un parallèle peut ici être fait avec les 3 piliers du Temple en F.°.M.°., où le 4ème pilier est manquant) Le 4 étant lui-même, le symbole du succès matériel, mais ce travail entrepris n’est il pas aussi autre chose qu’une victoire sur le monde matériel ….qui, dans l’esprit alchimique, doit être dépassé.
On peut remarquer également dans l’attitude de ce jeune homme, aux cheveux bouclés dont les extrémités sont tintées d’or, qu’il a les deux pieds bien campés en terre, source de sa matière première, son regard est dirigé vers cette « matéria prima ».
Entre les pieds, à l’horizon, un arbre en forme de pinceau, symbolisant quant à lui les énergies qui montent ou émanent de la terre.
C’est aussi une allusion et une invitation à semer pour récolter.

II LA ° PAPESSE : (le binaire, la féminité, la connaissance)

Symbole de féminité, Isis (pour les voiles en arrière plan), le personnage est entouré d’un manteau bleu (le spirituel) qui contient le rouge, la matière, l’énergie primale. La tête porte une tiare à 3 niveaux, et repose sur une étoffe blanche (signe de nécessaire pureté à l’accomplissement de l’œuvre) . La Papesse tient un livre ouvert, de couleur chair (livre de la vie, du savoir de la connaissance qui mène à la gnose). On retrouve le même axe oblique qui relie le chakra du cœur au livre, la connaissance n’est pas, manifestement, uniquement intellectuelle, le message apparaît ici comme évident.
Derrière l’impératrice, en noir sur fond blanc, des lignes verticales (à gauche de la carte) puis des lignes horizontales (à droite de la lame), elles symbolisent respectivement, les forces spirituelles et matérielles. On devine que ces tracés se rejoignent au niveau du livre pour former l’équerre, symbole de rectitude, soit d’exigence de la part du discipline, voire d’abnégation que demande l’entreprise d’un tel travail.
Le linge blanc qui couvre la tête se décompose en 5 triangles (L’Apprentissage et le Compagnonnage, passent par les 5 sens du néophyte), le nombre 5 est répété 2 fois dans le col de la papesse, ce qui ne peut plus être un hasard.
Quant aux lignes du livre 2 fois 8 soit 16 c’est à dire 7.( A un autre niveau, lorsque l’acquisition des connaissances est réalisée, alors et alors seulement, on pourra parler de Maîtrise).
La Papesse matérialise le savoir par ces nombres 3 5 et 7.ce qui n’est pas sans rappeler certains enseignements ( le total 15 soit 6 déjà abordé avec le sceau de Salomon)

III L’IMPÉRATRICE : (le triangle, l’unité, la concrétisation, la réalisation)

Position statique : de concentration ou d’attente ? Voilà une bien curieuse impératrice…avec une pomme d’Adam, ce personnage aurait-il des caractéristiques androgynes ? Ou symbolise t-il la matière avec ses constituantes mâles et femelles, ses énergies yin et yang.( corps et esprit)
Le dossier de son siège ressemble à deux colonnes dont la masse semble brute, telle la matière sur laquelle l’alchimiste devra travailler et purifier.
Cette lame rappelle, synthétise et focalise les deux précédentes, les chakras 2 – 3 – 4 sont marqués, le 3 et le 4 sont reliés. Ce travaille demande donc une harmonie profonde entre la volonté, la persévérance et demande de sincères qualités de cœur.
L’axe oblique est ici rappelé par la position du sceptre.
Les lignes horizontales et verticales, une double couronne (association des énergies contraires mais complémentaires, comme le positif et le négatif, le yin le yang)
Dans le pilier droit, de bas en haut, les nombres 2, mais 3 intervalles, une aile ?, 6 plumets, 7 lignes verticales, puis après le coude 5 que l’on retrouve également dans la touffe d’herbe jaune. La matière, lorsqu’elle est correctement travaillée se décompose en 3 éléments (soufre, mercure, sel ), ce qui est suggéré dans le globe du sceptre et rappelé dans les 3 branches de la croix qui la surmonte, nous ramenant au nombre des manipulations principales : 6.
Il nous reste à remarquer la robe rouge reliée à la terre, prolongée par une tunique bleue, le matériel puis le spirituel, pour s’achever sur la tête par de l’or enserrant le rouge : la pierre philosophale.
Un aigle sur un écu dont les ailes sont orientées vers le haut, un appel vers les forces cosmiques, suggestion de l’envol ? La main droite, l’opérative est en contact avec l’aigle, objet et étape de sa quête.

Seconde arcane : FAITES LE FEU SECRET. On comprend bien, qu’il ne s’agit pas là d’un feu traditionnel. « Appliquez le feu qui putréfie, mais ne donne point de flamme visibles. »

IV L’EMPEREUR : ( le carré, la matérialisation)

Cette lame est essentiellement régit par la verticalité, le sceptre, la position de l’empereur, de nombreuses lignes verticales, les ailes de l’aigle, ses pattes, la queue.
Le personnage peut symboliser l’officiant qui a mûri, il a fait un travail important sur lui, en effet, il est essentiellement habillé de bleu, seul subsiste sur ses épaules le poids de la matérialité (rouge), ses pieds sont blancs, le contact avec la matière ici la terre, se fait dans le respect et la pureté.
A noter la rigueur dont il doit faire preuve, la jambe droite, directrice, est pliée à l’équerre qui une fois de plus, marque la nécessité du respect des règles attenantes à l’ordre des opérations qui mènent à la réalisation de la pierre philosophale.
La couronne ressemble plus à un casque de pompier américain qu’à un attribut royal.(besoin de protection de la nuque, en correspondance avec le 5ème chakra ?)
L’aigle et l’empereur regardent dans la même direction, vers le passé, l’origine, la mère.
La main gauche tient la ceinture or, soulignant encore le 2ème chakra.
Peut-on voir une cornue dans cette étrange couronne, dont les dents (en forme de flammes) sont au nombre de 7, mais dont les 2 dernières sont soudées, rappelant une fois encore la voie resplendissante du soleil hermétique ouvert par 6 arcanes mais dépendant de 7 phases.
Le nombre 5, est présent dans la queue de l’aigle et l’herbe qui se confond avec le tumulus couleur or promesse de réussite du magistère.
Le collier porté par l’empereur est curieux, mi-corde, mi-laurier séparés par un médaillon dont l’attache ressemble beaucoup à un point d’interrogation. Ce médaillon porte une pierre verte à la hauteur du 4è chakra (allusion à la table d’émeraude ?).
Par ailleurs, 6 couples de feuilles de laurier se terminant par un écusson.(répétition des dents de la couronne, l’embiguité des nombres 6/7 est toujours présente).
Des formes en évolutions, des volutes, le bord de couronne, les boucles de la barbe, derrière le fauteuil, les accoudoirs, le dessus de l’écu, suggèrent le mouvement en opposition avec l’attitude du personnage.
A noter également une disproportion très nette entre la taille des mains, la droite active est plus importante que la gauche, ce qui se retrouve par ailleurs dans les ailes de l’aigle.
Le 6 et le 7 se retrouvent encore dans les plis de la tunique de l’empereur.(6 en haut, 7 en bas)

V LE ° PAPE : (le nombre de l’homme)

L’autorité spirituelle, l’habillement est pratiquement identique à celle de l’empereur, la différence réside dans des manches blanches, et une main gantée, le sceptre s’est transformé en une crosse surmontée d’une croix particulière. Les pieds ne sont pas visibles.
Deux colonnes bleues, couronnées encadrent la tête, le nombre 3 est marqué par 3 personnages, 3 branches à la croix, 3 lignes horizontales dans le manteau rouge, 3 mains dégantées visibles.
Des 3 personnages, 2 seulement sont bien visibles et les têtes sont pratiquement identiques, le 3ème ne montre que le bras gauche (celui qui reçoit), la manche est jaune, toujours le même rappel. L’allusion est claire, de la réunion de 2 éléments, naît le 3ème.
Le chakra de la gorge est ici marqué, il correspond au verbe, à l’enseignement qui est dispensé. Le pape peut également représenter ici un maître qui dispense cet enseignement.
De plus, il donne sa bénédiction de la main droite, de la gauche, il tient une croix à 3 transversales, terminées, aux extrémités, par une sphère ainsi que la partie supérieure du support verticale, le nombre 7, réapparaît donc, une fois encore, ici .
Le fond de la lame est blanc, des lignes verticales, horizontales et une oblique rappellent le besoin de bases claires et justes à l’établissement de cette recherche, le tout sur un fond blanc, soulignant le détachement par rapport au matériel.

VI L’AMOUREVX : (l’harmonie, l’union)

C’est la première lame où visiblement se fait une intervention extérieure, matérialisée par un angelot armé d’un arc et d’une flèche de couleur blanche, en superposition d’un astre rayonnant trois types d’énergie, jaune, rouge, bleue.
Un jeune homme se trouve entre deux femmes, l’une est d’âge mûr, détenant une autorité (chapeau sur la tête), elle a une main posée sur son épaule et elle semble capter son attention, l’autre, d’une jeunesse virginale, marquée par, d’une part un potentiel de spiritualité important, manteau bleu, et d’autre part, par des manches blanches. Une main orientée vers le cœur du jeune homme, l’autre bras semble tordu et la main indiquer son hara, la mère d’énergie…. Promesse, potentiel ?
Quant à l’amoureux, il est nus pieds, en contact étroit avec la terre, il se préserve cependant le 2ème chakra.
Le sol derrière le personnage central est parcouru de lignes d’énergie qu’il doit capter.
Le sentiment amoureux est lié à des notions de combustion, de feu or l’amoureux est écrit avec un v ce qui nous donne, avec le X final, le nombre 15 à l’envers : correspondant à la lame du diable, l’enfer, le feu, la deuxième étape de l’œuvre était marquée par l’injonction : Faites le feu secret.

La troisième arcane : SEPAREZ L’ESPRIT DU CORPS. « C’est le mercure philosophique qu’on obtient ainsi. C’est l’âme de la pierre qui contient les 4 éléments spagyriques où se trouve concentrée toute la vertu des astres minéraux. »

VII LE CHARIOT :(fin d’un cycle, début d’un nouveau)

Un char tiré par deux chevaux, nettement différents, voir opposés, jusque dans la direction prise. Le véhicule est couvert, 4 piliers (2 rouges, 2 bleus) ils supportent une tenture ouverte (par rapport au voile d’Isis), preuve que nous sommes à une étape importante du magistère, et qu’il va falloir choisir : quelle voie prendre, la sèche ou l’humide.
Cette dualité est renforcée par des figures humaines (une féminine, une masculine) sur chaque épaule, 2 pieds visibles à chaque cheval, 4 bâtons de roue à gauche, 2 à droite, total 6, en correspondance avec les opérations à accomplir, 4 touffes d’herbe marquées de vert, 4 ronds au niveau de la ceinture.
Les colonnes ressemblent étrangement au signe hiéroglyphique du verrou, qui a-t-il donc à ouvrir, si ce n’est la matière elle-même afin d’en extraire les composantes de base.
S-M, Sa Majesté le roi est annoncée sur la face avant du chariot, mais Soufre et Mercure conviennent mieux à l’esprit alchimique, ou encore Secret et Maître.
Nous avons déjà vu que le grand œuvre reposait sur le soufre, le mercure et le sel, or, si nous prenons les initiales de chacun de ces 3 éléments, S M S, numérologiquement pour valeur, 1- 4- 1, un fois encore nous obtenons 6. Le hasard et la coïncidence quel bel art dans les mains du G.°.A.°.qui pourrait nous y faire croire
Manifestement cette lame marque un tournant décisif dans la réalisation du processus à poursuivre.
Tous les regards sont axés sur l’origine, il ne faut donc pas perdre de vue cette matière première.