Magie et spiritualité

Il y a parfois, au sein des non-maçons et même au sein de certains groupes maçonniques, une confusion entre magie et spiritualité.

Pour bien comprendre la différence, il est nécessaire d’admettre, ou au minimum de ne pas rejeter, la théorie de la hiérarchie des mondes. Cette hiérarchie est souvent présentée en trois niveaux

  • le monde matériel,
  • le monde intermédiaire ou psychique (qui peut se subdiviser en niveaux intermédiaires)
  • le monde spirituel.

La magie relève du monde intermédiaire. Elle peut-être consciente ou inconsciente. Elle consiste a établir un contact avec des forces du monde intermédiaire, souvent venant du bas astral, afin d’obtenir des bénéfices matériels ou spirituels. Parfois ces adeptes détournent des pratiques liées à la Kabbale, à la théurgie, à certaines gnoses. Ils pensent sincèrement, ou non, établir des contacts avec le monde spirituel mais leur manque de purification les conduit à d’autres rencontres plus dangereuses.

Au deuxième siècle Plotin se moquait déjà des « gnostiques » pratiquant une fausse théurgie : « lorsqu’ils composent des incantations adressées à ces êtres… qu’est cela sinon employer des paroles pour les enchanter, les charmer, les affecter ? Croient-ils donc que ces êtres obéissent à leur voix et sont entraînés par elle, si on connaît bien l’art pour chanter selon les règles, pour crier, pour aspirer, pour siffler, pour émettre toutes ces formules composées pour charmer les êtres d’en haut ?… »
Et un peu plus loin Plotin ajoute : »Tous ces procédés qui, dans leur pensée, doivent donner plus de poids à leur doctrine, lui enlèvent tout sérieux, sans qu’ils s’en aperçoivent »

Pour R. Guénon : « la pratique de la magie, en tant que spécialité, est abandonnée à ceux qui sont incapables de s’élever à un ordre supérieur ».

Au mieux les adeptes de la magie vivent dans leurs illusions de pouvoirs et au pire, ils deviennent le jouet de forces qui les possèdent et qu’ils croyaient naïvement pouvoir asservir.

La spiritualité, qui relève du monde le plus élevé, est bien différente.

  • Elle se fonde en premier lieu sur une connaissance théorique, préparatoire et indispensable, obtenue par l’étude et la méditation sur les symboles traditionnels.
  • Elle se poursuit par la pratique de la concentration ou de l’attention au réel (prière non égoiste , méditation…) dans un esprit dégagé de toute recherche de profits matériels ou psychiques.
  • Elle utilise des moyens collectifs qui facilitent cet effort comme par exemple l’exécution correcte des rites.
  • Elle vise, par un effort individuel, à établir une liaison consciente avec les états supérieurs de l’être.

Tout cela n’a pas de rapport avec la magie ni avec des « phénomènes » paranormaux. Si des phénomènes se produisent « comme par accident » il convient d’en minimiser l’importance car en réalité, s’attacher à eux, risque de bloquer l’évolution de la réalisation spirituelle.