Extrait d’une allocution (2013) prononcée par la plus haute autorité du rite

«…….C’est sur ce dernier devoir, la conscience, que je voudrais vous livrer mes réflexions et mes recommandations.

Je souhaite partager avec vous une préoccupation majeure, me semble-t-il, pour un Ordre spiritualiste et déiste tel que le nôtre, celle du devenir de notre planète. Notre Ordre et ses membres ne sauraient faire abstraction de la réalité de notre monde contemporain, tant il est vrai que la matière est le terrain de prédilection où doit se pratiquer la spiritualité.

Actuellement, notre planète entière vit une véritable crise existentielle. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer l’actualité mondiale et tous les problèmes auxquels l’humanité est confrontée, que ce soit sur le plan familial, social, économique ou politique. Cette crise se ressent autant sur le plan collectif que sur le plan individuel.

La crise que nous affrontons à l’heure actuelle est une crise spirituelle, une crise de conscience. Elle renvoie à des interrogations universelles : qu’est-ce qui rend l’être humain heureux ? Qu’est-ce qui peut être considéré comme un progrès véritable ? Quelles sont les conditions d’une vie sociale heureuse.

En 1957, une étude réalisée aux États-Unis demandait aux gens s’ils étaient heureux de ce qu’ils avaient dans la vie. 30% de la population américaine déclarait que oui. La même étude a été refaite en 1992. Entre-temps, le nombre de voitures et l’espace des maisons avait doublé, le nombre de chaînes de télévision était multiplié par vingt, on était passé du noir et blanc à la couleur, la nourriture était beaucoup plus variée et abondante, ainsi que tout ce qui pouvait favoriser le bonheur.

Il s’avéra que le pourcentage de personnes heureuses était exactement le même. Cela nous montre deux choses : d’abord, ce que nous ressentons à l’intérieur ne dépend pas de ce que nous avons à l’extérieur. Ensuite, si nous avons appris aux gens comment changer le monde, nous ne leur avons rien appris des changements spirituels. Je crois que le défi de l’époque actuelle est cette évolution intérieure.

Depuis la révolution industrielle, et bien davantage encore depuis les années ’60, nous vivons dans une civilisation qui fait de la consommation le moteur du progrès. Moteur non seulement économique, mais aussi idéologique : le progrès, c’est posséder plus. Omniprésente dans nos vies, la publicité ne fait que décliner cette croyance sous toutes ses formes.

Peut-on être heureux sans avoir la voiture dernier cri ? Le dernier modèle de tablette ou de téléphone portable ? Une télévision et un ordinateur dans chaque pièce ? Cette idéologie n’est pour ainsi dire presque jamais remise en cause : tant que c’est possible, pourquoi pas ? Et la plupart des individus à travers la planète lorgnent vers ce modèle occidental qui fait de la possession, de l’accumulation et du changement permanent des biens matériels le sens ultime de l’existence.

Lorsque ce modèle se grippe, que le système déraille ; lorsqu’il apparaît qu’on ne pourra pas continuer à consommer indéfiniment à ce rythme effréné, que les ressources de la planète sont limitées et qu’il devient urgent de partager ; quand il apparaît que cette logique est non seulement réversible, mais qu’elle produit des effets négatifs à court et à long terme, on peut enfin se poser les bonnes questions.

La crise peut et se doit d’avoir un impact positif. Elle peut nous aider à refonder notre civilisation, devenue pour la première fois planétaire, sur d’autres critères que l’argent et la consommation. Nous sommes sans doute toujours dans une évolution très rapide extérieurement, mais je crois que le vrai changement est le changement de notre propre conscience, notre propre éveil personnel. C’est ce qui nous est demandé… Il ne nous est pas demandé de faire ce travail intérieur pour produire un futur différent. Le travail intérieur a une valeur intrinsèque, quel que soit l’avenir. NOUS devons changer. C’est le travail le plus gratifiant, parce que lorsque nous commençons à lâcher nos vieux attachements, ceux qui nous bloquent, lentement nous commençons à découvrir qu’une source plus profonde de paix, de joie et d’amour est en nous. Et pour moi c’est le vrai but de la vie : faire ce travail sur nous-mêmes, afin que chacun d’entre nous puisse devenir ce qu’il est vraiment, en s’ouvrant à ce potentiel que nous avons profondément en nous…

Dans le monde de la conscience humaine, tout est lié. Et n’est-ce pas en faisant appel au spirituel que l’on pourra résoudre une grande partie des problèmes qui se posent à nos sociétés modernes ? C’est donc pour les générations futures que nous devons œuvrer et poser les bases d’un monde plus altruiste et, par conséquent, plus fraternel.

Le détachement intérieur et l’ouverture au divin

Il nous suffit de relâcher peu à peu notre adhésion à la transe culturelle qui nous maintient dans une illusoire sécurité, pour accepter enfin le risque de découvrir l’univers d’un œil différent et ainsi changer totalement notre perception sur tout ce qui nous entoure et surtout sur nous-mêmes. Ce lâcher-prise, si l’on s’y abandonne de tout notre cœur, nous ouvrira la porte sur un univers merveilleux où nous vivrons des instants véritablement divins.

La pratique du détachement, surtout le détachement du fruit de nos actions, et la découverte du Soi profond que de telles expériences nous amènent à faire, nous mettent alors sûrement sur la Voie royale menant à l’illumination de l’être. Ainsi libéré du fardeau de tout ce qui le retenait dans le monde phénoménal de la matière, notre esprit peut alors se tourner vers le véritable service, rire sereinement grâce à tous les petits bonheurs que la vie apporte et resplendir d’un amour inconditionnel et communicatif pour tous les êtres qui habitent l’univers où nous avons la joie de vivre.

Ce tableau idyllique ne doit cependant pas nous faire oublier où nous en sommes. Le chemin à parcourir est long. Une des meilleures façons de mettre à l’épreuve notre nouvelle conscience spirituelle naissante et de renforcer notre capacité d’harmonisation avec notre lumière intérieure, consiste à appliquer dans nos relations avec nos proches la compréhension plus large de la vie que nous découvrons.

Obtenir l’aide du maître intérieur

J’aimerais partager avec vous quelques réflexions sur le cheminement spirituel que chacun peut suivre pour parvenir à une plus grande conscience. Une des choses les plus importantes à réaliser est que nous disposons tous constamment d’un allié puissant et parfaitement ajusté à notre niveau de conscience pour nous guider dans chacune des étapes de l’éveil intérieur. C’est ce que j’appelle le « maître intérieur ». Il ne s’agit pas d’une entité extérieure qui nous dit quoi faire de notre vie ou d’un ange gardien cherchant à nous protéger de nos erreurs, mais bien d’un aspect de notre propre conscience directement lié à notre âme, qui forme elle-même un tout indissociable avec l’Âme Universelle.

Ce guide silencieux, généralement associé à l’intuition, est d’un immense secours pour nous aider à élucider toute question ou apporter tout éclaircissement nécessaire à notre avancement spirituel. Grâce à lui, nous sommes en contact permanent avec le divin en nous et autour de nous.

Mais pour arriver à entendre sa petite voix calme et douce, il va de soi qu’il est nécessaire d’apaiser le perpétuel bavardage du mental et de se discipliner à centrer notre esprit au cœur, de l’instant présent, pour sentir de toutes nos fibres intuitives le flot divin de messages et d’enseignements émanant du « Veilleur Silencieux », notre guide intérieur dans le voyage de l’incarnation terrestre.

Cependant plusieurs obstacles intérieurs, nés de conditionnements d’ordre mental et psychologique, filtrent constamment l’information et faussent notre perception de ce qui nous entoure, tout en nous cachant notre propre Vérité profonde. Là réside le défi de l’incarnation en ce monde où l’illusion règne en maîtresse absolue dans toutes les facettes du grand théâtre de la vie. D’où la nécessité d’adopter une discipline personnelle aux plans spirituel, mental et matériel.

La discipline spirituelle consiste d’abord à chercher et trouver notre voie, celle qui nous convienne le mieux pour le moment, selon l’étape où nous en sommes rendus dans notre éveil intérieur et notre réalisation spirituelle.

Puis, il faut persévérer, car le but semble toujours éluder tous nos efforts. Et justement, il ne faut pas se forcer mais plutôt apprendre à s’abandonner, cesser de vouloir tout contrôler, faire confiance à ce que notre intuition nous suggère, et suivre le sentier suscitant le moins de résistance en cessant de nous opposer à ce que la Vie cherche à nous enseigner.

La discipline mentale est celle qui résulte du travail de purification de tout ce qui est faux, illusoire et inculqué par la culture ambiante ou perpétué par la routine des habitudes acquises. Il nous faut retourner sans cesse et toujours à l’essentiel, fuir les conclusions faciles et faussement sécurisantes, et ne pas hésiter à aller au fond des choses même si cela peut amener un certain inconfort intérieur. Confions-nous sans hésiter à l’âme, à cet être de Lumière qui patiemment attend son heure de gloire en chacun nous.

Enfin, la discipline matérielle a pour objectif de viser à atteindre le juste milieu entre la satisfaction de nos besoins matériels essentiels et celle de tous les besoins artificiels que la société de consommation ne cesse de nous créer. Pour y parvenir, beaucoup ont choisi de tendre vers la simplicité volontaire afin de pouvoir consacrer leur temps et leur attention à ce qui est vraiment primordial, c’est-à-dire à l’évolution intérieure et l’aspiration innée à revenir vers la Source de toute Vie d’où nous sommes issus – comme tout l’univers du reste. Mais avant tout, il importe de se rappeler que nous sommes libres, à chaque instant, de vouloir la transformation, de tomber les masques, d’ouvrir le cœur aux inspirations spontanées du maître divin qui réside en nous et de nous libérer du carcan de l’ego et de la prison des idées reçues.

À ce niveau, le contrôle des pensées est remis au maître intérieur qui sait très bien ce qui est nécessaire pour nous à ce point de notre cheminement spirituel. Nous pouvons aussi choisir d’utiliser ces instants de communion avec les forces de Vie pour émettre des pensées de Paix, d’Amour et d’Harmonie ou même transférer à distance des énergies curatrices à l’intention de personnes précises, ou encore pour alimenter l’égrégore collectif des forces positives et surtout pour focaliser une volonté de Paix autour de situations conflictuelles en différents points du globe.
Bref, nous nous donnons chaque fois un peu plus l’occasion de mieux connaître et ressentir le niveau de lucidité consciente, de bien-être et de paix intérieure qui est associé avec l’éveil de la conscience de l’esprit de Lumière que nous sommes tous en réalité.

Avec l’éveil intérieur à cette réalité immanente grandira également le désir de servir, de donner et partager afin de contribuer d’une façon ou d’une autre à l’essor de cette conscience divine dans le monde où nous vivons. Cette aspiration à servir sera d’autant plus forte si l’on ressent l’appel intérieur à cheminer vers une Lumière toujours plus grande. Car le service, le don de soi et le partage de sa lumière intérieure avec autrui sont les canaux privilégiés d’expression de la conscience divine dans le monde.

Par conséquent, plus nous accepterons de servir de manière désintéressée et spontanée, plus nous nous donnerons alors à nous-mêmes la possibilité de stimuler notre propre épanouissement spirituel. Autrement dit, si notre éveil spirituel ne se traduit pas en actions concrètes positives et désintéressées, la source de notre Lumière intérieure pourrait se tarir et la paix intérieure nous quitter jusqu’à ce que nous comprenions une fois de plus que l’on ne reçoit que dans la mesure où l’on donne.
Rien ne sert donc de se gaver le cerveau de grandes théories spirituelles si nous n’avons pas l’intention d’utiliser ces connaissances à quelques fins utiles dans le grand projet collectif de l’évolution des âmes.

Finalement, la plus grande et la plus puissante force qui nous soit donnée pour faciliter et accélérer l’éveil est sans contredit l’Amour. Bien sûr, c’est d’Amour inconditionnel et universel dont il s’agit. Mais ici les mots sont inutiles puisqu’il faut s’ouvrir à cette énergie pour la connaître. Il n’y a pas d’autre moyen. Un potentiel infini d’Amour sommeille en chacun à travers le lien qui nous unit à l’être divin en nous. Chercher à posséder ou à contrôler cet Amour est la plus vaine des entreprises. Il afflue à son gré, le temps d’un éternel instant magique, en un torrent puissant, ou telle une douce caresse, pour insuffler Vie, confiance, sérénité, et pour nous guider avec une douceur ineffable dans le droit chemin afin d’accomplir la bonne action, trouver les paroles qui inspirent ou former la juste pensée……»